«
J'ai du boulot. Il faut que je te laisse. » Daenerys ne connaissait pas pire sentiment que la frustration. Si certains diront que c’est la douleur, elle, c’était cette émotion qui la submergeait quand elle n’avait pas ce qu’elle voulait quand elle le voulait. La jeune Caldwell n’était pas du genre à baisser les bras rapidement. D’ailleurs, si elle était maintenant Auror, cela prouvait bien sa force de persévérance et de détermination. Dany était prête à tout pour arriver à ses fins, quitte à faire du mal aux personnes les plus proches d’elle et à passer pour une égoïste. Ses désirs, ses envies, ses besoins, Daenerys savait comment les assouvir, même si cela pouvait demander du temps. Et ce temps là, elle détestait quand il prenait de la longueur. Surtout quand c’est à cause du « boulot ». Et surtout quand ce n’était pas à cause d’elle, mais à cause d’autrui. Pour ce cas là, c’était Damon Blackburn qui, à la fois, lui posait problème et qui était, en même temps, l’objet de ses convoitises. Le frère de Faye n’était pas insensible à son joli minois, tout comme sa sœur pouvons-nous dire, et Dany en était maintenant certaine depuis deux mois. Certes, elle ne se rappelait pas forcément de toute la nuit passée mais elle n’avait pas dût être aussi désagréable. Et donc, depuis deux mois, la jolie blonde sentait de contacter le frère de sa meilleure amie, sans grand succès. Bien sûr, Dany aurait pu transplaner ou tout simplement aller chez lui. Mais il n’y a pas meilleure façon de s’attirer les foudres d’un cracmol que de débarquer chez lui par voie purement sorcière. Et se faire claquer la porte au nez devant celui des voisins, c’était hors de question ; elle était bien trop fière pour se laisser humilier de la sorte.
Et puis, Damon n’était pas le seul être débordé par le travail ces derniers temps ; les Aurors avaient des piles de dossier s’entassant et avaient même dût opter pour une collaboration avec la Brigade des sorciers pour qu’ils prennent les dossiers les plus ennuyeux et bien en deçà des missions des Aurors. Dany ne s’était pas décarcassée pour aider une pauvre grand-mère qui s’était faite volée son sac par un gamin sur un balai. Skylar l’avait entrainé (et l’entraine toujours) pour devenir une combattante hors paire. Certes, c’était triste pour la grand-mère mais chacun son job. Elle, elle traquait les meurtriers, pas les voleurs. Surtout quand ces derniers ont l’âge de 8 ans. L’âge ingrat, l’âge bête, l’âge idiot. Bref, quand elle eut ce dossier sous les yeux, Daenerys soupira une énième fois, ce sentiment de frustration s’y ressentant majoritairement. «
Prends ton aprem, Caldwell. Tu m’exaspères avec tes soupirs. » Maugréa Skylar, sans lever des yeux les feuilles qu’il était en train de consulter. La concernée eut une réaction moqueuse mais ne demanda pas son reste. Libérée largement plus tôt que prévu, ce qui n’était pas arrivé depuis longtemps, la jolie blonde ne savait guère où trainer ses guêtres. Jayden et Faye sont, comme la plupart des personnes, occupés par leur travail. Dany pourrait profiter de sa solitude soudaine, solitude qu’elle appréciait particulièrement mais guère très longtemps. Sachant que personne ne se trouverait à la maison, elle transplana directement dedans.
Les lieux étaient particulièrement calmes, tout comme le quartier, où Daenerys s’y promena un moment. Puis, ce fut quand elle arriva devant la maison de sa meilleure amie qu’elle pensa à Damon. Lui aussi devait se trouver occupé et, par bonheur, elle savait où il travaillait. Un sourire malicieux s’afficha sur son visage ; si elle avait la délicatesse de laisser ses deux meilleurs amis vaquer à leurs occupations, la fuite incessante de Damon allait se retourner contre lui. Dany n’avait pas réussi à mettre la main sur lui depuis ce fameux soir mais cette après-midi, elle sentait que c’était son jour de chance. Ce fut donc avec détermination qu’elle se dirigea vers le centre ville de Greenwich. Arrivée à destination, elle traina un instant dans le hall du journal, en regardant les couvertures des derniers numéros. Dany était bien placée pour savoir que l’ambiance chez les Blackburn n’était pas franchement au beau fixe et que Damon était complètement rebuté par les sorciers. Pourtant, il en avait laissé une, autre que sa sœur, l’approcher et même l’embrasser. Ce fut donc un sourire encore plus amusé qui s’étendit sur les lèvres fines de la demoiselle qui décréta enfin de se diriger vers les bureaux. Elle ne prit même pas attention à la standardiste qui l’interpella, plus concentrée à trouver le lieu final. Enfin, le voici. Poussant la porte, elle voyait un Damon penché sur son ordinateur, visiblement concentré et très agacé par cette intrusion. «
Ehm. J'ai besoin de silence pour trav... » Et voilà qui leva les yeux vers elle. Dany eut un sourire mielleux alors que Damon, au contraire, était encore plus exaspéré que jamais. «
Dany. » Au moins, il se rappelait d’elle, c’était déjà une bonne chose. «
Je suis en plein travail tu ne vois pas ? Qu'est-ce que tu viens faire ici ? S'il te plait, ne reste pas là il faut que tu me laisses tranquille. J'ai du boulot. » Sa voix, son ton et même ses bras l’incitaient à partir. Et pourtant, Daenerys referma vivement la porte d’un coup de pied, ignorant complètement ses paroles. Comme lui avait passé deux mois à l’ignorer et l’évincer. «
Salut, Damon. » Dit-elle tout simplement, son sourire toujours placardé au visage. Dany balança son sac sur l’une des chaises avant de contourner le bureau et de s’installer sur le fauteuil du jeune homme. «
Je comprend pourquoi il est difficile de décrocher du boulot. Ce fauteuil est rudement confortable. » Son ton était bourré de reproches et sûrement que Damon comprendrait, lui qui se cache toujours derrière son travail pour ne pas lui parler. Se rapprochant de l’ordinateur, Dany se mit à lire ce qui y était écrit. «
Serait-il nécessaire de rappeler que les morts subites, il y a une dizaine d’années de cela, concordent parfaitement avec la situation instable de la communauté magique ? » Lit-elle à voix haute avant d’arquer un sourcil. «
Tu sais mettre le pied dans les plats, de derrière ton écran, visiblement. Dommage que ça ne soit pas le cas dans la vie de tous les jours. » Dany se détendit sur le siège, y prenant ses aises en croisant les jambes. «
Tu avais qu’à répondre à mes appels, Blackburn. » Elle posa un coude sur l’accoudoir et son menton se posa sur la main. Le regard brun de la jeune Caldwell brillait d’une lueur à la fois malicieuse, taquine et un brin gourmande. Damon n’allait pas réussir à fuir, cette fois ci. Et elle n’était pas prête à partir.